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Philippe SchlenkerSciences du langage

Advanced Grants

Institut Jean-Nicod, CNRS / ENS Paris / EHESS

 

Philippe Schlenker est directeur de recherche CNRS à l’Institut Jean-Nicod (Paris) et Global Distinguished Professor à l'Université de New York (NYU). Il a fait ses études à l'École Normale Supérieure (Paris) et a obtenu un doctorat en linguistique au MIT, ainsi qu’un doctorat en philosophie à l'EHESS (Paris). Il a enseigné à l'École Normale Supérieure de Paris, à l'Université de Californie du Sud, à l’Université de Californie à Los Angeles et, depuis 2008, à l'Université de New York. Ses premiers travaux portaient sur la sémantique, la pragmatique, la philosophie du langage et la logique philosophique. Il a mené des recherches sur les indexicaux et le discours indirect, la sémantique intensionnelle, l'anaphore, les présuppositions, ainsi que sur les paradoxes sémantiques. 

Dans ses travaux récents, il a développé un programme de « super sémantique » qui cherche à élargir les frontières traditionnelles du domaine. Il a étudié la sémantique des langues des signes, en accordant une attention particulière à leur structure logique et aux riches moyens iconiques qui interagissent avec celles-ci. Afin d'avoir un point de comparaison pour ces phénomènes iconiques, Philippe Schlenker a également étudié la logique et la typologie des gestes dans le langage parlé.  En collaboration avec des primatologues et des psycholinguistes, il a jeté les bases d'une « sémantique primate» qui cherche à appliquer les méthodes générales de la linguistique formelle aux vocalisations des primates. Dans le cadre de recherches en cours, il a préconisé le développement d'une sémantique détaillée pour la musique, qui est toutefois très différente de la sémantique linguistique.

Orisem - Sources de la signification : fondations de la sémantique formelle

Si la sémantique formelle s'est imposée comme un domaine scientifique rigoureux, son impact sur les sciences cognitives au sens large est resté partiel. Outre la difficulté inhérente aux théories formelles, la raison pourrait en être que les données expliquées sont étroitement linguistiques. Nous proposons d'étendre l'étendue et la profondeur explicative des théories sémantiques formelles en les testant sur des objets sous-étudiés. Au sein du langage, nous étudions les gestes de la langue parlée ainsi que les langues des signes, en particulier dans leur dimension iconique. Par-delà le langage, nous analysons la communication gestuelle et vocale des primates, ainsi que les effets sémantiques déclenchés par la musique. 

Notre objectif est triple. Tout d'abord, nous observons comment la typologie des opérations sémantiques s'étend à ces nouveaux objets. Ensuite, nous explorons les fondements cognitifs de ces opérations dans deux types de cas : lorsque l'extension d'une règle à un nouveau type d'objet apporte de nouvelles contraintes sur la forme de cette règle (par exemple, l'existence d'un mécanisme de déclenchement de présuppositions dans les constructions iconiques) et lorsqu'une expression a des usages cognitifs au-delà du langage. Troisièmement, nous examinons les liens évolutionnaires possibles entre les opérations que l'on trouve dans la parole, les signes, les gestes humains et non humains et la musique. 

Nous nous proposons d'explorer les contreparties gestuelles des opérations sémantiques formelles trouvées dans la langue des signes, d'étudier comment la riche typologie des inférences découvertes par la sémantique s'étend aux gestes iconiques et de mener une étude comparative de cette typologie pour les inférences iconiques et non iconiques dans la langue des signes. 

Nous tentons également d'étendre cette entreprise au-delà la communication humaine en explorant dans quelle mesure une opération particulière, les implicatures, s'applique à la linguistique animale, et en nous demandant si les expressions gestuelles humaines ont des équivalents chez les singes. Enfin, nous nous efforçons de développer une généralisation de la sémantique iconique qui tient compte des effets sémantiques qui existent dans la musique. Les résultats empiriques obtenus contribueront à l'élaboration de nouvelles théories sur la manière dont des inférences spécifiques (par exemple, les présuppositions ou la focalisation) sont déclenchées.

 

Mots clefs :

Sémantique formelle/pragmatique ; sémantique formelle des langues des signes ; sémantique formelle des gestes