© Frédéric Albert

Axelle FerrièreMacroéconomie, politiques fiscales

Médaille de bronze du CNRS

Spécialiste de macroéconomie quantitative, Axelle Ferrière est chargée de recherche CNRS et, depuis 2024, professeure associée au sein du laboratoireSciences économiques - Sciences Po (CNRS / Sciences Po Paris). À la croisée de la théorie économique, de la modélisation numérique et de l’analyse empirique, ses travaux portent principalement sur l’évaluation des politiques fiscales et budgétaires, en particulier leurs effets redistributifs. Elle mobilise des modèles avec agents hétérogènes pour étudier les interactions complexes entre fiscalité, dépenses publiques et inégalités. Véritables laboratoires théoriques, ses modèles permettent de mieux comprendre l’impact des chocs macroéconomiques et des réformes fiscales sur la croissance et les inégalités. Sa recherche offre ainsi des outils d’analyse innovants pour concevoir des politiques publiques plus justes, plus efficaces et mieux adaptées aux défis économiques contemporains.

Comment concevoir des politiques fiscales et budgétaires capables de réduire les inégalités sans compromettre la croissance économique ? Cette question est au cœur des recherches d’Axelle Ferrière, macroéconomiste, chargée de recherche CNRS et professeure associée à Sciences Po Paris depuis 2024. Formée à la New York University, où elle obtient son doctorat en 2015, elle entame sa carrière académique à l’Institut universitaire européen de Florence, avant de rejoindre en 2018 le laboratoire Paris-Jourdan Sciences Économiques. « Mon intérêt pour l’économie vient d’un désir profond de mieux comprendre comment nos sociétés s’organisent pour vivre ensemble », confie-t-elle.

Ses travaux, à l’intersection de la macroéconomie et des finances publiques, mobilisent des méthodes quantitatives récentes pour éclairer les effets redistributifs des politiques économiques. « Je construis des modèles économiques qui permettent d’évaluer avec précision les bénéfices, en termes de redistribution, et les coûts, en termes de distorsions des comportements économiques, associés aux transferts sociaux et aux impôts qui les financent ». Ces modèles sont, pour elle, de véritables laboratoires pour tester l’impact des politiques à l’échelle nationale.

« En macroéconomie quantitative, une hypothèse est d’abord formulée dans un cadre théorique ; elle est ensuite quantifiée à l’aide d’un modèle numérique ; les mécanismes mis en avant sont également confrontés aux données, soit au niveau des pays, soit au niveau des ménages. »

Elle s’intéresse en particulier aux réactions différenciées des ménages et des entreprises face aux réformes fiscales, mais aussi à l’aversion à l’ambiguïté — la difficulté à prendre des décisions en contexte d’incertitude — qui peut amplifier les crises économiques. « Lors des récessions, explique-t-elle, il est fréquent de proposer une hausse des dépenses de l’État pour relancer l’activité économique. La capacité de ces dépenses à stimuler la croissance est ce qu’on appelle l’effet multiplicateur ». Axelle Ferrière a ainsi démontré que cet effet multiplicateur est plus fort lorsque la relance est financée par un impôt plus progressif. Dans l’histoire économique des États-Unis notamment, les épisodes de relance financés par des impôts plus progressifs ont effectivement eu des effets plus marqués sur la croissance.

« Il existe peu de réformes qui bénéficient à l’ensemble de la population ; le rôle du chercheur est donc souvent d’identifier les gagnants et les perdants associés à une politique donnée ».

Axelle Ferrière contribue ainsi à faire évoluer les cadres théoriques en économie tout en fournissant des outils concrets pour orienter les décisions publiques. Investie dans la formation et la vie académique, elle œuvre aussi à structurer une communauté scientifique engagée autour des grands enjeux économiques contemporains.