Colloque de la Société Internationale de Diachronie du Français (SIDF)

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Lieux d’échanges et de rencontres sur l’histoire de la langue française, les colloques biennaux de la Société Internationale de Diachronie du Français (SIDF) s’intéressent à tous les domaines de l’histoire de la langue française. La 7e session sera co-organisée par l'UMR Litt&Arts et le LiDiLEM du 20 au 22 mai 2025 à l’Université Grenoble Alpes.

Toutes les personnes intéressées sont invitées à envoyer leurs contributions portant sur tous les aspects de la diachronie du français en Europe et en dehors de l’Europe. Seront privilégiées les communications qui s’intéresseront à l’une des thématiques suivantes :

1. Phraséologie et stratégies discursives en diachronie

Le premier axe dans lequel pourront s’inscrire les contributions est celui de l’étude des unités phraséologiques dans toute la variété qui les caractérise : les collocations (Tutin 2013, Mel’čuk 2013), les motifs (Novakova & Siepmann 2020), les patrons lexico-syntaxiques (par ex., les travaux du projet PhraseoRom), les phrases « préfabriquées » (Dostie & Lefeuvre 2017 ; Glikman et al. 2019 ; Combettes 2023). Dans une perspective diachronique que celle-ci soit courte (Siouffi, Steuckardt & Wionet 2012) ou longue (Denoyelle & Sorba 2023), les propositions pourront prendre place dans le cadre de la phraséologie étendue (Legallois & Tutin 2013) ou encore de la pragmatique historique pour mettre en avant des stratégies discursives (Rodríguez Somolinos 2011). Elles pourront fouiller des corpus écrits ou oraux, qu’il s’agisse d’un oral authentique ou représenté (Saiz Sánchez et al. 2020), des corpus inédits ou existants, concernant tous les états de langue du français. Une réflexion toute particulière pourra être menée sur l’interaction des différents paramètres entre eux, à la suite par exemple

  • de Rastier (2006) qui affirme l’interrelation entre les niveaux local et global dans la détermination du sens. Ainsi, la construction du sens d’une unité phraséologique ne peut trouver sa complétude qu’à l’échelle du contexte maximal, à savoir le texte ;
  • de Blumenthal (2014) qui propose d’introduire le concept de « portée textuelle » d’un mot pour décrire « l’impact qu’a concrètement, dans un texte donné, ou que peut avoir habituellement l’acception d’un mot (= “lexie structurante”) sur l’organisation de son voisinage textuel » (p. 179) ;
  • de Rodríguez Somolinos (2011) qui propose une réflexion sur la portée pragmatique des marqueurs discursifs. Dans une approche des stratégies discursives, peut être abordée l’étude des termes d’adresse, des marqueurs évidentiel ou de politesse, de la réalisation linguistique des actes de langage. Les marqueurs pragmatiques constituent une classe hétérogène : ils ne correspondent pas à une catégorie grammaticale précise, mais renvoient au fonctionnement syntaxique et sémantico-pragmatique d’éléments linguistiques divers.

2. Diachronie en francophonie

Le français a connu plusieurs phases d’expansion en dehors de son berceau d’Europe occidentale où il est né. Depuis la conquête normande en Angleterre au XIe siècle jusqu’à aujourd’hui, le français s’est répandu dans des situations de colonisation et d’échanges commerciaux mais aussi de diffusion culturelle ou d’immigration. Les contacts de langues et de cultures et des besoins de communication variables selon les périodes et les lieux dans la francophonie naissante ont amené au développement de variétés de français différenciées.

Aujourd’hui, le français est parlé sur les cinq continents mais la question se pose de définir précisément les compétences attendues pour identifier un locuteur francophone (Gadet 2011). Selon l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), l’espace de la francophonie compte aux alentours de 321 millions de locuteurs en 2024 : comme langue primaire pour environ un quart d’entre eux (l’OIF parle ici de « langue maternelle »), comme langue d’usage pour les autres. Cette situation particulière permet à la langue française de se développer dans une autonomie relative, plus ou moins marquée selon les territoires, et de connaître des représentations linguistiques variées au point d’être considérée désormais comme une langue pluricentrique (Kengue & Maurer 2023). Sur chacun des continents où le français s’est installé, le contact entre les langues et les cultures suscite, depuis le Moyen Âge, des questions d’identité et met en branle des mécanismes de métissage culturel et linguistique (Dufter, Grübl & Scharinger 2019). Outre les emprunts lexicaux les plus visibles, sa prononciation, sa morphologie, sa syntaxe connaissent aussi des évolutions propres, aboutissant dans certaines circonstances sociales à la créolisation et à la fragmentation en variétés régionales. Un mouvement inverse de recentrement de la langue et de normalisation se met en place, encadré par diverses instances (Office québécois de la langue française ; Académie française).

Largement étudiées en synchronie, les variations du français hors de France sont moins fréquemment replacées dans leur mouvement historique tant externe qu’interne malgré les recherches de divers diatopiciens (Chauveau 2013 ; Martineau 2012, 2016, 2022 ; Thibault 2016ab, 2017 ; Wissner 2016, 2024 ou encore Valdman 2007).

L’orientation du colloque se veut délibérément diachronique. Les analyses des données actuelles seront à replacer dans un mouvement historique externe ou interne, même s’il s’agit d’évolutions en microdiachronie ou de changements diachroniques récents. Plusieurs dimensions peuvent être abordées pour étudier l’histoire de la langue française hors de France :

  • Histoire externe : imposition ou expression du français dans diverses régions du monde (en particulier impact des centres urbains), enjeux identitaires et normatifs (normes centralisées ou endogènes), circulation des variétés dans l’espace francophone, représentations ou perceptions de la langue française, aménagement linguistique ;
  • Histoire interne : variation diatopique à mettre en lien avec les autres dimensions variationnelles de la langue (situationnelle, sociale, codique et conceptuelle), à tous les niveaux de la langue (phonétique/phonologie, morphologie, syntaxe, lexique, sémantique, phraséologie, pragmatique, graphie), créolisations.

Des communications portant sur des mises au point méthodologiques (notamment en lien avec l’absence de documents comparables d’une aire à l’autre) seront aussi les bienvenues.

3. Rythme et périodisation des changements linguistiques

Cette section traite de la thématique des changements linguistiques et pose la question de leur rythme et de la périodisation de la langue qu’ils entrainent. Le changement linguistique est habituellement pensé selon deux oppositions : 1. graduel (suivant des étapes) ou abrupte ; 2. rapide ou lent (Lamiroy 2018). Or, de cette description des rythmes du changement linguistique dépend la délicate délimitation des périodes dont l’identification des bornes reste toujours discutée (Marchello-Nizia 2006). L’une des raisons de cette imprécision tient à ce que les divers niveaux de l’organisation linguistique (graphématique, phonétique, morphologie, marqueurs morphosyntaxiques et syntaxe, lexique, organisation du discours) évoluent selon des rythmes de changement très différents (Wang 1969). Le contact des langues ou certains phénomènes sociaux normatifs peuvent par ailleurs accélérer une évolution ou, inversement, la ralentir, voire l’annuler (par exemple, rejet des italianismes  dans la seconde moitié du XVIe siècle).

Plusieurs dimensions pourront être envisagées :

  • Évolution et organisation linguistique : les contributeurs sont invités à interroger les bornes habituellement retenues pour telle ou telle période du français à partir de l’analyse, qualitative ou quantitative, de corpus variés. Tous les niveaux de fonctionnement de la langue ou du discours sont pertinents pour déterminer le rythme du changement linguistique, qu’il s’agisse de la graphématique, du lexique, de la morphologie, de la syntaxe ou des unités pertinentes d’organisation du discours ;
  • Facteurs du changement internes et externes : les contributions pourront étudier différents paramètres de changement du français. Par exemple, le travail sur la lexicalisation ou la grammaticalisation gagnera à se faire en diachronie plus ou moins longue, en allant de l’apparition au figement ou à la disparition des structures en langue en tenant compte des contextes et des mécanismes des changements et en pointant la façon dont se réalise, à un moment donné, un continuum de valeurs. La sélection d’un corpus couvrant une période restreinte et la prise en compte du décalage éventuel entre le moment de la rédaction et celui de la publication des œuvres aboutiront peut-être par ailleurs à une datation plus fine des changements. De telles enquêtes contribueraient à mieux documenter encore l’histoire des évolutions linguistiques (Combettes et al. 2010 ; Colombo-Timelli & Parussa 2019 ; Desbois-Ientile & Vesseyre sd) ;
  • Évolution et genres textuels : l’évolution n’affecte pas tous les types de textes de manière uniforme. Le genre des œuvres littéraires (narratif, poétique ou théâtral) influe par exemple sur le séquençage du discours, mais la langue des énoncés juridiques ou scientifiques peut aussi évoluer à des rythmes spécifiques. Il y a des chances pour que le sous-genre, réalisation particulière d’un genre à un moment donné de l’histoire, joue un rôle de même nature. Plus largement, les principes conditionnant une période se situent entre langue, société et style.

Cette section pourra aussi accueillir des analyses comparées en diachronie de deux ou plusieurs langues romanes dont on sait que les rythmes d’évolution peuvent être très différents malgré leur parenté.

 

Modalités

La durée des présentations sera de 20 minutes suivies d’une discussion de 10 minutes. Les langues de communication acceptées sont le français et l’anglais.

Les résumés doivent comprendre entre 300 et 500 mots (sans compter les références bibliographiques) et seront rédigés dans la langue de communication. Ils doivent être déposés jusqu'au 15 novembre 2024 sur le site de la conférence en deux versions : une version anonymisée (à copier-coller dans le formulaire) et une version précisant le nom et l’affiliation de l’auteur ou des auteurs dans un document Word ou PDF. Le retour des évaluations est prévu pour le 31 janvier 2025.

 

En savoir plus

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