De nouveaux outils pour optimiser la consommation électrique des ménages

Résultats scientifiques Economie/gestion

Peut-on modifier nos comportements de consommation énergétique et réduire notre consommation électrique de manière durable ? Les outils comportementaux peuvent-ils nous aider dans cette démarche ? Si oui, dans quelles conditions et dans quel contexte ?  Dans le cadre du projet Smartlook, des chercheurs du Groupe de recherche en droit, économie et gestion (GREDEG, UMR7321, CNRS / Université Côte d’Azur), en lien avec la Société monégasque de l’électricité et du gaz (SMEG), proposent de nouveaux outils comportementaux, les boosts, qui consistent à envoyer à une centaine de foyers pilotes — tous les quinze jours et pendant plus de six mois — des conseils sous forme de tutoriels, afin de les aider à ajuster et réduire leur consommation électrique. Ces outils ont livré des résultats très concluants qui viennent de donner lieu à une publication dans la revue Ecological Economics.

La consommation électrique des ménages est un enjeu majeur pour la transition énergétique et la transition écologique dans son ensemble. Mais les progrès réalisés en ce sens peuvent s’avérer complexes, une baisse de consommation pouvant en générer de nouvelles dans d’autres domaines. Chaque changement dans nos comportements induisant une réduction durable de notre consommation est donc à souligner. C’est tout l’intérêt de l’expérience Smartlook dont les résultats démontrent que doter les ménages de nouveaux outils comportementaux (les boosts) contribue à réduire leur consommation énergétique et cela de manière durable.

Pour obtenir ces résultats, les chercheurs du GREDEG ont observé plusieurs foyers monégasques répartis en quatre groupes : un groupe avec des boosts et des objectifs ambitieux de réduction de la consommation d’électricité ; un groupe avec des boosts et des objectifs plus modestes ; un groupe avec des boosts sans définition d’objectifs ; un groupe contrôle sans boosts. Les résultats de cette expérience, réalisée en 2019, montrent une réduction de 27 % de la consommation avec des boosts et des objectifs modestes, des résultats plus mitigés avec des boosts et des objectifs ambitieux (19 %) et des boosts seuls (17 %).

Ces résultats sont inédits pour plusieurs raisons. Les outils comportementaux boosts n’avaient jamais été testés sur le terrain. Lorsqu’ils sont combinés à un outil classique type fixation d’objectifs, ils se révèlent plus efficaces. La fixation d’objectifs de réduction de la consommation donnée aux ménages doit néanmoins être maniée avec précaution. En effet, les objectifs trop ambitieux de réduction d’énergie (25 %) sont jugés irréalistes et découragent les ménages alors que des objectifs plus raisonnables (15 %) tendent à soutenir de manière régulière les efforts et à aller bien au-delà des résultats escomptés.

Ces résultats démontrent également que pour atteindre les objectifs de transition énergétique, la fin et les moyens comptent. Les boosts sont l’un des moyens pour atteindre les objectifs de réduction de la consommation énergétique, et des outils précieux pour infléchir les comportements des citoyens en leur permettant d’être acteurs de la transition écologique.

Menée sur la Principauté de Monaco, l’expérience Smartlook pourra être reconduite sur d’autres sites en France, à plus grande échelle, et susciter l’intérêt d’industriels et de décideurs publics dans des domaines plus larges que celui de l’énergie.

Exemple de "boost" envoyé aux participants © Smartlook
Variation de la consommation d’électricité à l'issue de l’expérience, suivant les groupes observés © Smartlook

Référence

Contact

Nathalie Lazaric
Directrice de recherche CNRS, Groupe de recherche en droit, économie et gestion, directrice du réseau thématique Déchets, valeurs et sociétés
Karine Gragnic
Société monégasque de l’électricité et du gaz