La géographie théorique et quantitative pour comprendre les liens entre espace et société : les quinzièmes Rencontres de Théo Quant

Lettre de l'InSHS Sciences des territoires

#À PROPOS

Du 9 au 11 février 2022 se sont tenues les quinzièmes Rencontres de Théo Quant — Nouvelles approches en géographie théorique et quantitative. Ce colloque s’est déroulé à Besançon à la Maison des Sciences de L’Homme et de l’Environnement Claude Nicolas Ledoux (MSH-E, UAR3124, CNRS/COMUE Université Bourgogne Franche-Comté). Organisé par le laboratoire Théoriser et modéliser pour aménager (ThéMA, UMR6049, CNRS/COMUE Université Bourgogne Franche-Comté) avec le soutien du CNRS, de l’Université Bourgogne Franche-Comté et de la région Bourgogne Franche-Comté, cet évènement a réuni plus de 80 participants.

 

Depuis la première édition organisée par Maryvonne Le Berre en 1993, les Rencontres de Théo Quant réunissent tous les deux ans les chercheurs et chercheuses s’intéressant aux approches théoriques et quantitatives en géographie. Au-delà de la communauté des géographes, toutes les disciplines qui abordent l’influence de l’espace géographique sur les processus sont représentées lors de ce colloque. Depuis les modèles théoriques jusqu’à l’aide à la décision en passant par les derniers outils développés, les problématiques environnementales, urbaines ou sociales sont abordées lors de séances plénières et en ateliers.

La recherche en géographie théorique et quantitative constitue une branche très dynamique de la géographie. Dans un monde complexe où la numérisation, la géolocalisation et la multiplication des données sont devenues courantes, les analyser et leur donner du sens est un défi permanent pour la géographie comme pour de nombreuses autres disciplines. Les géographes quantitativistes se doivent d’être ouverts pour apporter leur vision à des problématiques et des domaines qui n’intègrent pas habituellement la dimension spatiale dans leurs travaux.

Depuis leur origine, les Rencontres de Théo Quant se veulent un espace de débats et d’échanges, entre les disciplines et entre les générations. Cela explique le caractère très large des thèmes abordés et la grande mixité scientifique qui fondent leur identité. Les trois conférences plénières qui ont scandé cette dernière édition illustrent bien ce positionnement. En ouverture du colloque, Arnaud Banos, directeur de Recherche CNRS au laboratoire Identité et Différenciation de l’Espace, de l’Environnement et des Sociétés (IDEES, UMR6266, CNRS/ Université de Caen Normandie/ Université Le Havre Normandie/ Université de Rouen Normandie), a abordé la maritimisation des migrations et les questions liées au sauvetage en mer, montrant le rôle que peut jouer un géographe à la fois dans l’analyse de ces sujets et dans les aspects très opérationnels des secours. La difficulté d’appréhension et de gestion de ces phénomènes migratoires a notamment été rappelée, interrogeant ainsi la place des chercheurs, chercheuses, citoyens et citoyennes dans ces problématiques sensibles.

Lors de la deuxième journée, Hélène Charreire, enseignante-chercheuse au Lab’URBA (Université Paris-Est Créteil) et Thierry Feuillet, enseignant-chercheur au Laboratoire dynamiques sociales et recomposition des espaces (Ladyss, UMR7533, CNRS/ Université Paris Nanterre/ Université Paris 8 Vincennes–Saint-Denis/ Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne/ Université Paris Cité) ont proposé une plénière à deux voix intitulée Ville, environnement et comportements : (quelques) réflexions théoriques et défis méthodologiques. Après avoir exposé leurs travaux sur la manière dont la ville et l’environnement urbain affectent les individus, ils ont aussi montré les verrous scientifiques actuels et donné des pistes pour les développements futurs des recherches dans le domaine. Menés en collaboration avec des sociologues, des psychologues et des médecins, ces projets montrent bien les bénéfices mutuels que les géographes et les autres disciplines peuvent avoir à interagir.

Cette interdisciplinarité est aussi l’une des forces des recherches sur la modélisation des réseaux écologiques présentée par Jean-Christophe Foltête, professeur des universités et membre du laboratoire ThéMA. C’est le dialogue établi entre géographie, aménagement, écologie et biologie qui a permis des avancées importantes dans l’application des graphes paysagers aux problématiques environnementales. Cela s’est également traduit par des développements de logiciels largement utilisés non seulement par la communauté scientifique, mais aussi par des acteurs opérationnels.

Les communications proposées aux Rencontres de Théo Quant sont le reflet des dernières orientations mises en œuvre par les chercheurs et chercheuses en géographie théorique et quantitative. Lors de l’édition 2022, trois thématiques ont ainsi fait l’objet d’un nombre plus important de contributions, notamment les recherches abordant les liens entre monde économique et société. Les dynamiques des investissements immobiliers ont particulièrement été mises en avant lors de trois communications.

Les questions environnementales ont également été largement abordées, plus spécifiquement pour comprendre les déterminants de dynamiques érosives ou d’évolutions paysagères. Une session portant sur les difficultés pour les sociétés de préserver leur environnement, notamment à travers des problématiques de gestion des risques, est venue logiquement compléter ces travaux. Si les questions de mobilité ont été moins présentes lors de cette édition, les recherches en écologie urbaine sont inversement en émergence, ce qui s’est illustré par des présentations portant sur les préférences résidentielles, la durabilité des aménagements et l’agriculture urbaine. À nouveau, par leur transversalité, ces thématiques semblent s’affranchir d’approches uniquement urbanistiques. Selon une tendance similaire, trois communications ont fait état de travaux portant sur le climat, en milieu urbain avec la modélisation des îlots de chaleur urbains, ou à l’échelle régionale pour l’évaluation d’émissions de polluants atmosphériques.

De nombreux doctorants, doctorantes et jeunes collègues ont pu présenter leurs travaux et assister aux communications des différentes sessions du colloque. Le renouvellement des thèmes abordés et les tendances observées dans la recherche en géographie quantitative actuelle sont aussi le reflet des préoccupations de la société.

Site du colloque

Contact

Florian Tolle
Maître de conférences, Théoriser et modéliser pour aménager