Mars Imperium. Histoire et mémoires de Marseille (post)-coloniale XIXe- XXIe siècle

Histoire

Historiens au sein du laboratoire Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée (TELEMMe, UMR7303, CNRS / AMU), Céline Regnard et Xavier Daumalin coordonnent depuis 2022 le projet « Marseille impériale : histoire et mémoires (post)coloniales xixe- xxie siècle » (Mars-Imperium) qui bénéficie d’un financement d’Amidex, fondation d’excellence d’Aix-Marseille Université, de cinq unités de recherche et d’une dizaine de partenaires socio-culturels1. Ce projet ambitionne d’aborder l’histoire impériale de Marseille comme un fait social total. Il fait le point sur l’état des connaissances disponibles et les débats actuels, à destination d’un large public. Ces travaux sont consultables sur le portail en ligne marsimperium.org.

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Une demande sociale, un déficit et un besoin d’histoire, tels sont les points de départ du projet Mars Imperium. Les empreintes de l’histoire coloniale sont nombreuses à Marseille. Ce patrimoine protéiforme, régulièrement questionné, témoigne d’une page importante de l’histoire de la ville dont la connaissance reste fragmentée et biaisée par un certain nombre d’idées reçues ou d’impensés. Elle ne permet pas d’évaluer correctement ses répercussions sur la société marseillaise des xixet xxe siècles, ni de bien comprendre les enjeux, les interrogations, les tensions et les revendications qui s’expriment actuellement.

L’une des ambitions du projet est donc d’analyser l’histoire du fait impérial à Marseille à partir d’un triple élargissement : thématique (toutes les approches sont retenues), spatial (l’espace impérial est analysé dans une perspective globale et connectée qui prend en compte les résonances impériales dans les sociétés métropolitaines et les interactions trans-impériales) et temporel (l’approche enjambe les coupures chronologiques traditionnelles – impérialisme informel, colonisation et décolonisation – pour mettre en évidence les porosités et les percolations d’une période à l’autre, les continuités ou les éléments de rupture).

Par le croisement et l’analyse critique de sources nombreuses et variées, le projet vise à historiciser les différents événements de cette histoire impériale et promouvoir une culture de l’explication, de la transmission, à rendre intelligible la manière dont les élites des sociétés d’autrefois en sont venues à prendre un certain nombre de décisions en faveur de l’expansion coloniale, à évaluer l’importance de ce fait historique pour Marseille et les territoires colonisés, à donner à comprendre les mécanismes de sa remise en cause depuis la fin du xixe siècle jusqu’aux enjeux mémoriels d’aujourd’hui.

Mars Imperium a d’emblée été conçu comme un projet à destination de la société, pour que toutes et tous puissent s’approprier cette histoire, comprendre sa présence actuelle et accéder aux archives ou aux recherches qui l’abordent. Dans cette perspective, les historiens Céline Regnard et Xavier Daumalin, en collaboration avec Delphine Cavallo, responsable de la diffusion et du traitement numérique de la recherche à TELEMMe, ont imaginé un portail regroupant cinq plateformes en ligne (consultables par ordinateur ou sur smartphone), chacune abordant l’histoire selon un angle de vue, donc un format, particulier : 

  • un film documentaire sur l’exposition coloniale organisée à Marseille en 1922 ;
  • un webdocumentaire proposant en 81 capsules vidéos de 5 minutes un parcours dans l’état actuel des questions et recherches sur l’histoire impériale, coloniale et post-coloniale de Marseille ;
  • des vitrines d’Empire présentant une histoire critique d’une quarantaine d’objets issus du musée colonial de Marseille ;
  • 3 balades numériques invitant à plonger dans l’histoire des traces urbaines laissées par la colonisation dans le patrimoine, les arts, l’architecture, la toponymie ;
  • une médiathèque permettant d’accéder aux ressources utilisées dans le cadre de l’ensemble des plateformes du projet, soit près de 1500 documents réunis en un même lieu pour découvrir ou approfondir l’histoire de Marseille et, au-delà, de la France contemporaine.

Le portail Mars Imperium offre plusieurs manières de circuler dans la diversité de ses contenus. Chaque site est construit selon une navigation narrative ou thématique qui répond à son objet scientifique et permet de suivre un fil de consultation. Mais une circulation entre documents de manière transverse à l’ensemble des plateformes sur la base de recommandations est également possible : sur chaque page de chacune des plateformes, un algorithme suggère d’autres ressources en lien thématique, spatial ou temporel avec la page consultée, induisant des chemins alternatifs au sein de cette vaste base d’histoire. Enfin, l’équipe scientifique de Mars Imperium propose des parcours thématiques pensés à partir de sujets qui ont émergé lors de la réalisation du projet, et qui donnent un autre point de vue sur l’histoire impériale et coloniale de Marseille.

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Contact

Céline Regnard
Professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée
Xavier Daumalin
Professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université d’Aix-Marseille, Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée
Delphine Cavallo
Responsable de la diffusion et du traitement numérique de la recherche, Temps, espaces, langages, Europe méridionale, Méditerranée

Notes

 

  1. En plus de TELEMMe, sont associés les laboratoires de recherche suivants : l’Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman (Iremam, UMR7310, CNRS / AMU), l’Institut de recherches asiatiques (Irasia, UMR7306, CNRS / AMU), l’Institut des mondes africains (Imaf, UMR8171, CNRS / AMU / EHESS / IRD / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) et le Laboratoire population environnement développement (LPED, AMU / IRD). Les partenaires socio-culturels impliqués sont : le Pôle des Musées de Marseille, le Mucem, l’association Ancrages, les Archives nationales d’outre-mer, les Archives municipales de Marseille, et la Chambre de commerce et d’industrie métropolitaine Aix-Marseille-Provence. Les Archives départementales des Bouches-du-Rhône et le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac ont aussi collaboré à ce projet.