Sur les traces des potiers pompéiens : analyses des empreintes digitales

Archéologie

Dans le cadre du programme de recherches sur la production céramique à Pompéi conduit par Laetitia Cavassa, céramologue au Centre Camille Jullian (CCJ, UMR7299, CNRS / AMU), deux ateliers de potiers, connus pour avoir été en activité au moment de l’éruption du Vésuve en 79 de notre ère (atelier de Porta Ercolano et atelier en Reg. I, ins. 20, 2-3) ont été fouillés entre 2012 et 2017. Les recherches sur ces deux ateliers ont été réalisées grâce à l’obtention de concessions de fouilles archéologiques délivrées par le Ministero per i Beni e le attività culturali, et en collaboration avec le Parco Archeologico di Pompei. Elles entrent dans le programme sur l’économie et l’artisanat antiques du Centre Jean Bérard (USR3133, CNRS / Ecole française de Rome), en collaboration avec le Centre Camille Jullian.

Les fouilles réalisées entre 2012 et 2017 ont permis de documenter toute une partie de la chaîne opératoire de ces ateliers depuis l’approvisionnement en matière première jusqu’à la diffusion des productions (gobelets à paroi fine pour le premier, lampes et petits vases appelés fritilli pour le deuxième).

Durant le mois de novembre 2018, le programme s’est ouvert à une nouvelle collaboration pluridisciplinaire (en plus de celle déjà mise en place avec le département des Scienze della Terra, dell’Ambiente e delle Risorse dell’Università degli studi di Napoli Federico II et le Dipartimento di Scienze e Tecnologie dell’Università degli studi del Sannio pour l’analyses des matières premières), avec la mise en place d’une problématique consacrée à l’étude des potiers à travers leurs empreintes digitales (Pompei, Pots and imprints project).

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Empreinte digitale sur un fragment de poterie. Les graduations visibles sont des millimètres © André Desmarais

Cette étude consiste à relever et photographier chaque empreinte digitale laissée par les potiers dans l’argile fraîche ou sur les engobes au moment de leur réalisation. Ces empreintes sont ensuite soumises à l’étude de deux anthropologues : Aurore Lambert (société Eveha) et André Desmarais (retraité de la Police judiciaire), tous deux chercheurs associés à l'unité Anthropologie bio-culturelle, Droit, Ethique et Santé (ADES, UMR7268, CNRS / Amu / Etablissement français du sang).

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André Desmarais et Aurore Lambert à la recherche d’empreintes sur les fragments céramiques © Pascale Desmarais

Les caractères immuables, inaltérables et individuels de l’empreinte permettent d’identifier chaque individu ayant manipulé les vases. Il est aussi possible d’estimer l’âge et de déterminer le sexe biologique d’un sujet à partir de l’empreinte digitale laissée sur l’objet au moment de la réalisation des vases. L’étude de ces empreintes sur des objets produits dans ces deux ateliers de potiers, permettra, après exploitation de l’ensemble de ces données biométriques, de mettre en lumière l’organisation technique et sociale de ces établissements artisanaux. 

Ces empreintes représentent un témoignage direct des potiers ayant travaillé dans ces établissements artisanaux durant le Ier siècle ap. J.-C.

Ces recherches sont subventionnés par le Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères à travers la mission archéologique « Italie du Sud », par le Centre Jean Bérard, le Centre Camille Jullian, Eveha, grâce à des financements privés (CMD2, Art et Luxe, Artfusion) et, plus récemment, par un fond de dotation Arpamed.

Video

Voir la vidéo de présentation du projet par Laëtitia Cavassa : « Sulle tracce dei vasai : indagini sulle impronte digitali dei vasai pompeiani ». Pompeii - Parco archeologico, 17 décembre 2018. Video en ligne, 2,49 min.

Contact

Laetitia Cavassa