Une nouvelle chaire académique sur les thèmes « Ville, Industrie et Transition Écologique »

Le programme de travail de la chaire VITE est structuré en trois domaines interconnectés :

• l’analyse du champ de l’industrie, de sa dynamique et de sa géographie ;
• l’étude des politiques industrielles et de leur transformation ;
• l’élaboration de recommandations en faveur d’une intégration de l’objectif écologique dans les politiques industrielles et les écosystèmes productifs.

Elle a une mission principale de médiation scientifique consistant à diffuser des recherches sur la démographie et les trajectoires des entreprises du secteur de l’industrie et des services liés ainsi que sur l’organisation et l’évaluation des politiques publiques de soutien à l’activité économique et à l’innovation territorialisées. Les membres de la chaire contribuent au débat public sur le renouveau industriel des territoires urbains qui restent le fer de lance en matière d’industrie (Figure 1). Ils se sont également fixés pour mission de transmettre des connaissances sur l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de dispositifs en faveur du développement des territoires à travers la production d’écrits et l’organisation de conférences, séminaires et rencontres entre chercheurs, chercheuses et praticiens. Ces supports visent à étayer et valoriser l’idée de politiques industrielles territorialisées à partir non seulement de recherches réalisées, dans leurs laboratoires respectifs, sur les trajectoires des entreprises, le rôle de l’industrie dans l’évolution et dans les complémentarités des territoires, mais aussi d’analyses approfondies de situations particulières locales (métropoles, villes moyennes, territoires industriels, etc.) ou sectorielles (sous-traitance automobile, photovoltaïque, etc.)

La médiation scientifique et la valorisation de la recherche sont au cœur des missions de la chaire dont les travaux, effectués dans un esprit de coopération, visent à la capitalisation, au développement, à l’implémentation et à la diffusion des connaissances scientifiques. Ils sont orientés vers l’aide à la décision, dans le domaine appliqué du développement industriel et de la transition écologique des villes et des territoires. La complémentarité des établissements porteurs et des co-responsables donne à cette chaire une coloration unique que reflète la composition du comité de pilotage. Organe stratégique de la chaire, il compte quatre représentants des tutelles des laboratoires porteurs. Du côté du CNRS, l’InSHS a désigné Patrick Pintus, directeur adjoint scientifique en charge de la section 37 Économie, gestion, et Maria-Teresa Pontois, responsable du pôle Innovation, valorisation et partenariats industriels. Du côté de l’École des Ponts participent à ce comité Marie-Christine Bert, directrice des Relations internationales et des Partenariats entreprises, et Emmanuel Girard, directeur adjoint de la recherche.

Plusieurs projets, achevés ou en cours, illustrent l’engagement des chercheurs et chercheuses impliqués dans la chaire pour accompagner des projets en capitalisant et partageant les résultats et connaissances acquis dans le cadre de travaux académiques. Ils se situent au croisement de problématiques locales et productives et se distinguent par le recours conjoint à des méthodes quantitatives et qualitatives. La coopération entre les membres d’EconomiX et du Cired est d’ailleurs née du constat que si la représentation de régularités statistiques, réalisée à partir d’analyses statistiques, économétriques et cartographiques de données géoréférencées, est indispensable à la compréhension des caractéristiques d’un territoire et à son positionnement, la réalisation d’enquêtes approfondies auprès des acteurs permet de déceler les spécificités locales dont dépend la trajectoire d’un territoire. Cette méthode mixte, synthétisée par la figure 2, est caractéristique de tous les projets auxquels participent les membres de la chaire. 

C’est par exemple le cas de l’analyse des conditions de la redynamisation de l’industrie au sein du territoire de Vire Normandie, projet sur lequel travaillent des membres de la chaire dans le cadre d’une convention avec le Plan Urbanisme Construction Architecture (Puca) inscrite dans le programme POPSU Territoires. Le territoire considéré est emblématique des situations de déprise industrielle. Si, comme nombre de villes moyennes, le territoire a subi une hémorragie industrielle avec la disparition d’activités comme la confection, les parapluies ou les chaussures, il se distingue par un dynamisme industriel historique et singulier et par une certaine diversité sectorielle qui contraste avec la situation d’un grand nombre de villes moyennes en France. On trouve aujourd’hui des activités en développement dans des secteurs aussi variés que la mécanique, l’outillage, la sous-traitance automobile, la nourriture pour animaux et l’électronique. Les chercheurs et chercheuses engagés dans cette recherche-action ont pour objectif de comprendre et d’analyser cette singularité industrielle viroise en développant une approche rétrospective et multi-niveaux, tant du côté des organisations industrielles (histoires d’entreprise) que du soutien public qui a accompagné l’industrie viroise.

Cette approche intégrée fonde également l’analyse des territoires d’industrie à laquelle se livrent des chercheurs et chercheuses de la chaire VITE. En qualité de membres du conseil scientifique des territoires d’industrie (TI), mis en place au début de l’année 2022, Gilles Crague et Nadine Levratto sont en effet confrontés à une problématique de diversité derrière l’apparente unité que confère le label TI aux 146 territoires retenus dans le cadre de l’appel à projets national. Cette diversité est saisie par une analyse systématique des caractéristiques de l’emploi et des activités présentes sur les territoires d’industrie qui a donné lieu à une représentation cartographique de différents indicateurs et des analyses statistiques de la composition du portefeuille d’activité et des dynamiques de l’emploi, mesurées sur l’emprise de chaque TI. Ils révèlent en premier lieu le côté plus ou moins industriel de ces territoires comme le montre la carte du taux d’emploi dans l’industrie de la figure 3. Cette étude systématique est complétée par les enseignements et résultats attendus d’une recherche doctorale visant à analyser la reconfiguration des relations entre État et collectivités en matière de politique industrielle à l’aune de la décentralisation. Au niveau local, il s’agit de questionner l’appropriation des enjeux industriels par les collectivités locales, au travers du prisme des gouvernances et politiques économiques territoriales affectant le développement des activités industrielles dans les territoires. Les débouchés de ces démarches sont multiples. Elles bénéficient, d’une part, à la Délégation aux Territoires d’Industrie, qui a pour mission d’engager des discussions avec les directions générales des opérateurs publics, pour renforcer le panier de services mis à disposition des territoires au regard des enjeux de sortie de crise. Elles sont également éclairantes pour les collectivités locales membres de l’association Intercommunalités de France qui accompagne actuellement une thèse sur le sujet à l’École des Ponts ParisTech. Le rôle des élus locaux est important dans la mesure où les intercommunalités sont systématiquement associées, avec un industriel, à la gouvernance des territoires d’industrie.

S’inscrivent dans la même veine d’éclairage des décideurs publics les études sur les relations entre la métropole lilloise et les territoires avoisinants, celles sur les conséquences du développement des ports maritimes sur la santé et l’environnement ou encore l’étude des relations entre gouvernance urbaine et développement productif à partir du cas de la vallée de la chimie près de Lyon.

À ces opérations, viennent s’ajouter des supports destinés à un public intéressé par ce qui touche au développement de l’industrie, par la manière dont il s’opère dans les territoires et dont la bifurcation écologique de nos sociétés appelle un changement profond du tissu et des entreprises industriels. Ces supports sont totalement libres d’accès et disponibles en ligne :

• VITE les notes présentent les avancées et l’état des connaissances sur des sujets ou domaines spécifiques ayant trait au développement local. La reconquête industrielle en Île-de-France, le rôle de l’État comme vecteur de réindustrialisation des territoires ou les effets à attendre du plan de relance en matière industrielle sont autant de sujets couverts par ces notes.
•  VITE les RDV sont des captations de rencontres à visionner en replay sur la chaîne YouTube de la chaire. Ces rencontres ont jusqu’à présent pris la forme de colloques permettant de croiser les regards de chercheurs et chercheuses, décideurs publics et entrepreneurs sur des sujets en prise avec l’actualité. Le premier, qui s’est tenu en octobre 2020 à la Caisse des Dépôts, a porté sur le futur de l’industrie dans les territoires métropolitains. En septembre 2021, c’est la place de la reconstruction de la filière photovoltaïque dans le processus de transition écologique qui a mobilisé une vingtaine d’intervenants au cours d’un colloque organisé à l’Hôtel de l’industrie. D’autres rendez-vous sur des territoires d’industrie particuliers ou des secteurs moteurs sont au programme.
• VITE les cartes permettent à toute personne intéressée par la géographie industrielle française de télécharger des cartes présentant des indicateurs calculés à différentes échelles.

À cela s’ajoutent des vidéos didactiques présentant les principaux outils et concepts de l’économie géographique industrielle. Ces séquences pédagogiques vont connaître un prochain développement.

En définitive, cette chaire d’un format original, qui se situe à l’interface de la recherche et du monde socio-économique, invite à décloisonner l’action publique en mettant en cohérence les politiques industrielles, énergétiques et environnementales. Résultats de recherche à l’appui, elle promeut l’idée que la transformation de l’industrie et l’organisation des filières de production sont indissociables d’une action locale. En effet, le maintien d’une industrie sur tous les territoires est vecteur de créations d’emplois et de revenus qui atténuent les fractures spatiales et sociales. Au-delà de la question des relocalisations, la chaire entend contribuer au maintien et au développement des activités productrices à proximité des lieux de consommation par les ménages et les entreprises, programme également propice à une réduction de leur impact sur l’environnement.

Chaire VITE

EconomiX

Centre international de recherche sur l'environnement et le développement