© Charlène Pareau

Cecilia García PeñalosaMacroéconomie

Médaille d’argent du CNRS

Directrice de recherche CNRS, directrice d’études à l’EHESS, professeure à Aix-Marseille Sciences Économiques (AMSE, Aix-Marseille Université / CNRS), Cecilia García Peñalosa explore les interactions complexes entre croissance, répartition des revenus et inégalités de genre. En s'appuyant sur des approches théoriques, empiriques et historiques, elle a notamment mis en lumière le rôle des politiques éducatives, des institutions et des normes sociales dans la dynamique des inégalités. Ses recherches récentes se concentrent sur la relation entre le statut des femmes et la croissance économique, soulignant l'importance d'une analyse fine des mécanismes à l'œuvre pour élaborer des politiques publiques efficaces. Elle montre aussi comment certaines politiques macroéconomiques peuvent entraîner des effets qui n’étaient pas attendus en provoquant des changements des choix individuels. Depuis 2017, elle est titulaire de la chaire « Genre, croissance et développement » à l'EHESS.

C’est à la fin de sa troisième année de licence à Cambridge, lors d’un cours donné par l’économiste Robert Solow, que Cecilia García Peñalosa découvre, « fascinée », les (nouvelles) théories de la croissance. Elle décide alors de mener ses recherches sur la relation croissance-inégalités pour comprendre si les inégalités sont nécessaires à la croissance économique ou si, au contraire, elles l’empêchent. Ses travaux vont par la suite s’intéresser aux déterminants de la croissance, et à l’évolution des inégalités. Entrée au CNRS en 2000, Cecilia García Peñalosa s’emploie depuis à modéliser et à tester empiriquement ces liens à partir de données macro et microéconomiques et, plus récemment, de données historiques. 

« L’économie est une science sociale qui permet d’éclairer et d’appuyer les décideurs politiques ; l’histoire est, elle, fondamentale pour comprendre l’actualité ».

En histoire économique, elle a remis en question l'idée que l'industrialisation entraîne l'urbanisation. Au contraire, en Grande-Bretagne par exemple, un fort taux d'urbanisation a précédé et favorisé la révolution industrielle en stimulant l'innovation. Elle étudie aussi la manière dont le protectionnisme agricole en France au XIXe siècle — face aux importations de céréales venues des États-Unis et d’Argentine — a eu un impact, inattendu, sur la fertilité et l’éducation. « La hausse du prix des céréales a entraîné une baisse du taux de scolarisation et une hausse de la natalité ». 

Elle s’intéresse également aux relations entre croissance et normes de genre et plus particulièrement à l’impact du changement technologique sur ces attitudes. Elle a par exemple travaillé sur le développement du suffrage des femmes en Suisse, adopté par votation en 1971. « Je regarde dans quelle mesure l’émergence de nouvelles technologies, comme les turbines hydroélectriques, essentielles à la production d’électricité, ont pu créer les conditions pour des attitudes plus favorables et égalitaires envers les femmes ».  

Elle s’est aussi penchée sur les promotions dans le monde académique et les dynamiques individuelles qui les sous-tendent en France. « Nous avons montré l’importance de l’autocensure dans la carrière des femmes mais aussi de mécanismes plus implicites, comme leur réticence à chercher des promotions dans un cadre souvent compétitif », pointant ainsi les limites des politiques économiques où légiférer se révèle insuffisant. 

Membre de 2012 à 2016 du Conseil d’analyse économique, et de 2019 à 2022 de l’European Economy Advisory Group, Cecilia García Peñalosa place son expertise au service de la décision publique. 

« Accueillie dans l’environnement ouvert qu’est le CNRS, cette médaille est pour moi un grand honneur, une reconnaissance et une acceptation de mes travaux ».