Jérôme RosArchéobotanique
Chercheur en archéobotanique à l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (Isem, CNRS / IRD / Université de Montpellier), Jérôme Ros explore l’histoire de l’agriculture et des forêts en Méditerranée occidentale (France, Espagne, Maroc) durant le Moyen Âge. À partir de restes de plantes retrouvés en contexte archéologique, il retrace les cultures pratiquées, les savoirs agricoles et les paysages façonnés par les sociétés anciennes. Ses recherches dévoilent les plantes consommées, les gestes techniques, comme le battage des céréales, le pressurage des olives, l’irrigation, ou encore l’usage du bois comme ressource. En croisant archéobotanique, archéométrie et histoire, ses recherches contribuent ainsi à la connaissance des campagnes de Méditerranée occidentale à l’époque médiévale, et éclairent la manière dont les sociétés anciennes ont transformé leur environnement au fil du temps.
Chercheur CNRS à l’Isem depuis 2019, Jérôme Ros a d’abord exploré lors de sa thèse, soutenue en 2013, l’évolution des pratiques agricoles en Roussillon entre l’âge du Fer et la fin du Moyen Âge. Il a ensuite élargi son champ d’étude à l’Espagne et au Maroc pour mieux comprendre les profonds bouleversements liés à l’expansion arabo-berbère médiévale. « Celle-ci a longtemps été considérée comme un vecteur majeur d’introduction de plantes exotiques (riz, aubergine, canne à sucre, agrumes) et de nouvelles techniques agricoles (irrigation, engrais). Ces innovations auraient entraîné une transformation profonde des pratiques agricoles, qualifiée de ‘révolution agricole’ », souligne le chercheur. Ses recherches ont pour objectif de documenter matériellement ces évolutions et d’en évaluer la portée réelle sur le patrimoine agroalimentaire, les systèmes agricoles et les forêts.
Pour ce faire, il se consacre — à travers l’ANR ISEMA (Déterminer l'impact des changements socio-économiques sur l'agriculture méditerranéenne médiévale) qu’il coordonne, et l’ERC MedGreenRev (Re-thinking the “Green Revolution” in the Medieval Western Mediterranean - 6th-16th centuries) à laquelle il collabore —, à l’étude de dizaines de sites archéologiques musulmans médiévaux, fouillés en Espagne et au Maroc, révélant des contextes d’occupation riches en restes de graines (carpologie) et charbons de bois (anthracologie). « Mes travaux reposent sur les méthodes de l’archéobotanique, discipline qui analyse les restes de plantes découverts lors de fouilles archéologiques », explique le chercheur.
Mais une graine, un charbon ne permettent pas à eux seuls de restituer une grande histoire de l’agriculture ou des forêts passées. Pour y arriver, il faut multiplier les sources d’études et confronter les données à très grande échelle. « En France, ces grandes synthèses sont possibles car nous avons la chance de bénéficier d’une archéologie préventive dynamique, d’une richesse inégalée en Europe. La soutenir, c’est renforcer notre capacité à explorer des pans entiers de notre histoire ».