©Frédérique Plas/CNRS Photothèque

Livio de LucaChercheur en numérisation du patrimoine

Médaille de l’innovation du CNRS

Livio de Luca, un œil sur le patrimoine

D’abord formé en tant qu’architecte, puis diplômé des Arts et Métiers et en informatique, Livio de Luca se définit comme un chercheur en numérisation du patrimoine. Cette éducation hybride le place à l’interface des SHS et du numérique. « Nous ne nous contentons pas de produire des données numériques, insiste ce directeur de recherche au laboratoire Modèles et simulations pour l’architecture et le patrimoine1 . Nous pouvons obtenir des images magnifiques, mais elles doivent s’accompagner d’analyses et d’interprétations. »

Livio de Luca a démarré ses travaux dans le cadre du programme 3D-Monuments du ministère de la Culture, en introduisant des méthodes expérimentales de représentation d’édifices historiques, tels que le Petit Trianon ou le château Comtal à Carcassonne. Il a plus tard participé à la reconstitution du pont d’Avignon, dans ses états de 1350, 1675 et d’aujourd’hui. Une réalisation issue de la prise de milliards de points 3D, mais aussi de recherches historiques, archéologiques et géomorphologiques.

En 2013, ses travaux ont également abouti à Nubes, un système d’information 3D pour l’étude historique et l’analyse de l’état de conservation d’édifices. Livio de Luca a également accompagné l’émergence de la start-up Mercurio, spécialisée dans les solutions modulaires pour la numérisation 3D de collections des musées.

 « À cause du caractère transversal des objets du patrimoine, nous avons besoin de systèmes capables de réunir différents points de vue », explique Livio de Luca. Une exigence qui s’est concrétisée en 2014, par la création d’un laboratoire commun entre MAP, qu’il dirige, et le Centre interdisciplinaire de conservation et de restauration du patrimoine (CICRP).

Ses travaux sont transposés en 2018 dans le monde des sciences collaboratives. « Aïoli est le premier système qui relie l’acquisition 3D et son enrichissement sémantique par agrégation d’analyses thématiques », précise le chercheur. Chacun peut ajouter ses propres photos et annotations sur cette plateforme, améliorant chaque fois un peu plus le double numérique de l’objet patrimonial en question. En retour, de nombreuses notices et images sur le sujet sont consultables, spatialisées en 3D, sur tous types d’écrans.

Livio de Luca coordonne à présent le groupe de travail du CNRS sur les données numériques relatives à Notre-Dame de Paris. « Nous voyons à quel point les numérisations passées, présentes et futures de la cathédrale sont utiles pour la restauration, souligne le directeur de recherche. Les retombées ne sont pas que technologiques, mais aussi sociétales. »

  • 1MAP, CNRS/Ministère de la Culture