Muriel DarmonSociologie de la socialisation
Directrice de recherche CNRS au Centre européen de sociologie et de science politique (CESSP, CNRS / EHESS / Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Muriel Darmon développe une sociologie de la socialisation, centrée sur les processus de transformation individuelle et l’interaction entre dispositions acquises et institutions. Ses travaux combinent analyse théorique et terrains empiriques variés. Son enquête sur les parcours post-AVC, publiée en 2021, explore les réapprentissages neurologiques des patients dans des contextes hospitaliers. Elle est aujourd’hui co-responsable du projet ERC Synergy GENDHI (2020-2027) qui examine l’articulation entre genre, classe et santé. En mobilisant des méthodes pluridisciplinaires, ce projet étudie notamment des pathologies spécifiques (maladies cardio-vasculaires, cancer, dépression, Covid), mettant en lumière les déterminants sociaux de la santé, du berceau à la tombe.
Entrée au CNRS en 2002 dans le Groupe de recherche sur la socialisation à Lyon, directrice de recherche CNRS rattachée au CESSP à Paris depuis 2012, Muriel Darmon conduit ses recherches sur la socialisation et les inégalités sociales de santé, notamment de classe et de genre.
Ce qui l’a toujours intéressée dans la recherche est l’explication scientifique du monde et une discipline, la sociologie. « Depuis ma thèse (NDLR : sur l’anorexie), je travaille sur des objets qu’on pourrait penser hors du domaine évident d’explication de la sociologie : les différences dans les fratries de jumeaux, l’anorexie mentale, les groupes commerciaux d’amaigrissement, les récupérations post-AVC, à côté d’objets plus évidemment sociologiques, comme la première année d’école maternelle ou les classes préparatoires aux grandes écoles ».
Sa longue enquête ethnographique sur les inégalités de récupération post-AVC a révélé que celle-ci est affectée par des facteurs sociaux, le genre et la classe sociale. « On sait statistiquement que les classes populaires, d’une part, et les femmes, de l’autre, récupèrent moins bien d’un AVC, même à gravité et prise en charge équivalentes. Mais on ne sait pas bien pourquoi. De fait, l’AVC n’arrive pas à un individu générique ou à un cerveau ‘’dans un bocal’’, mais bien à une personne sociale et à un cerveau socialisé ».
Depuis 2020, elle co-dirige l’ERC Synergy GENDHI qui éclaire les liens entre genre, classe et santé à travers une approche pluridisciplinaire mêlant sociologie, épidémiologie et économie. Ce projet interroge la manière dont les corps sont façonnés socialement tout au long de la vie, et notamment « le rôle de l’incorporation du social dans les inégalités de santé, de vieillissement et de mortalité », précise-t-elle.
Présidente de l’Association française de sociologie de 2017 à 2021, son activité s’étend désormais au-delà du monde académique. Membre du groupe d’experts chargé de rédiger les programmes de sciences économiques et sociales de lycée, elle a aussi récemment participé au groupe de travail de la Haute Autorité de Santé sur le « Parcours de santé de l’Accident Vasculaire Cérébral ». Très investie dans la formation doctorale, elle encourage le dialogue de la sociologie avec d’autres disciplines. Elle a notamment organisé une école thématique du CNRS sur « Sexe biologique et genre en santé » avec des collègues biologistes.