Colloque interdisciplinaire sur le Caucase à l'AOROC

Du
au
ENS Ulm

Changement climatique et interaction homme-environnement dans le Caucase : perspectives géo-bio-archéologiques et littéraires

Vendredi 1er Décembre: 12H30-18H30
Samedi 2 Décembre: 9H30-18H30

45 rue d'Ulm, 75005 Paris, salle des Actes et en ligne

Climatologie, Géoarchéologie et Humanités

Nous vivons dans un environnement en constante évolution, affecté par divers facteurs, comme le réchauffement climatique, les catastrophes naturelles et le stress anthropique (GIEC 2022, Loveluck et al. 2018, 2020, Stewart & Stringer 2012, Müller et al. 2011, González-Sampériz et al. 2009, Rohling et al. 2009, 2019, Mayewski et al. 2004, Ruddiman et al. 2003, Vitousek et al. 1997). Les effets de ces transformations sur les communautés humaines ont été remarqués et parfois enregistrés dans des textes et des cartes, même si les langues anciennes et les contextes culturels différents dans lesquels ceux-ci ont été élaborés les rendent difficilement compréhensibles (Dan 2023). Toutefois, au cours des dernières décennies, plusieurs catastrophes environnementales ont fait l’actualité. Afin de comprendre leurs causes, leur chronologie et leurs développements futurs, des chercheurs de diverses disciplines, allant des géosciences aux sciences sociales, en passant par les arts et les sciences humaines, ont commencé à travailler ensemble et à publier des reconstitutions de paléoenvironnements ainsi que des scénarios futurs.

Les changements catastrophiques au Caucase

En raison des problèmes politiques, militaires et économiques des pays occupant le Caucase moderne, cette région n’a pas reçu l’attention qu’elle mérite, compte tenu de son importance stratégique tant pour l’Europe que pour l’Asie. Pourtant, le Caucase, avec ses vieux volcans (dont le plus haut sommet d’Europe, l’Elbrouz, 5 642 m) et son bassin versant eurasien, est non seulement l’une des terres les plus riches en ressources naturelles (métaux, minéraux, bois) mais aussi un immense observatoire naturel de la santé de nos écosystèmes. Les glaciers du Caucase (au-dessus de 2 300 m) sont particulièrement sensibles au réchauffement actuel : ils perdent jusqu’à 0,7 à 1 % de leur masse totale chaque année (Toropov et al. 2019, Tielidze et al. 2020, 2022). Leur fonte et celle du pergélisol sont responsables de toute la dégradation de l’environnement, provoquant des catastrophes immédiates et lointaines. Ainsi, au cours des dernières décennies, des coulées de boue et des avalanches de glace ont détruit des agglomérations et des infrastructures essentielles, et modifié le débit des rivières (Evans et al. 2009, Tielidze et al. 2019), contribuant à la montée des niveaux de la mer Noire et de la mer Caspienne. Leur fonte totale (estimée vers 2050) aura des conséquences sans précédent, puisque le haut Caucase avec ses glaciers a toujours été le château d’eaux des plaines et vallées adjacentes pendant l’Holocène (Gregory and Oerlemans 1998, Leroy et al. 2022b, Tielidze et al. 2022). La désertification des régions montagneuses et steppiques va s’accentuer, les lacs glaciaires pourraient disparaître, les bassins hydrographiques changeront de forme et d’étendue, ce qui affectera lourdement la biodiversité. La diminution des ressources écosystémiques aura des conséquences catastrophiques sur l’économie humaine et sur la qualité de vie. Avec ces changements naturels, toutes les sociétés humaines seront affectées et certains habitats traditionnels seront abandonnés (Von Suchodoletz et al. 2022, Leroy et al. 2022a). Les archives naturelles (comme les glaciers) que nous utilisons aujourd’hui pour reconstruire l’histoire du climat et de l’environnement (Mayewsky et al. 2004, Lovelock et al. 2018, 2020) seront bientôt perdues et tout le patrimoine que nous pouvons transmettre aux générations futures sera réduit.

 

Buts

Dans des moments de crise comme celle que nous vivons aujourd’hui, il est indispensable que les scientifiques de différentes disciplines et pays unissent leurs forces pour enregistrer les données et préparer des solutions pour cet avenir proche. Afin d’estimer toute la chaîne d’événements (probablement catastrophiques) qui pourraient affecter un pays comme la Géorgie le pays mythique de la Toison d’Or , il faut considérer tout le cycle de l’eau, depuis la fonte des glaciers jusqu’aux lacs de haute montagne, les bassins fluviaux, leurs deltas et la mer (Holzhauser 2016, Laermanns 2017a-b, 2019, Von Suchodoletz 2015). Les modélisations climatiques, géomorphologiques et écologiques doivent être mises en relation avec les informations transmises au fil du temps par les textes littéraires, afin d’anticiper les changements sociétaux proches (Goldberg & MacPhail 2006, Rapp & Hill 2006). En s’appuyant sur des recherches antérieures des participants, sur la géohistoire et la géo-bio-archéologie de la mer Noire (Fouache et al. 2012), des basses terres de Colchide (Gamkrelidze 1992, Laermanns 2017a, 2019), des rivières (Von Suchodoletz et al. 2015) y compris du mythique fleuve Phasis (Lordkipanidze 2000, Dan 2016) et des lacs (Messager et al. 2013, 2021), cette rencontre se veut un coup d’envoi pour de futures collaborations internationales et interdisciplinaires.

 

Conveners: Anca DAN (ENS-CNRS Paris, anca-cristina.dan@ens.fr), Mikheil ELASHVILI (Ilia State University, Tbilisi and fellow at ENS Paris, mikheil_elashvili@iliauni.edu.ge)

Zoom link: https://cnrs.zoom.us/j/99660176883?pwd=YlY5ZzBtcWtyTkZPdGlTcUNNaTd1UT09

 

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