PEPR Risques : Les SHS à l'épreuve des risques et des catastrophes - Séminaire
Ce séminaire du projet « Risques et Sociétés à l’ère des changements environnementaux globaux : enjeux, savoirs et politiques » (RISC) du PEPR Risques (IRiMa) vise à ouvrir un espace de discussions régulières, de débats et de dialogues sur les perspectives théoriques, méthodologiques et épistémologiques dans le champ des Disaster Studies et au-delà. Il part de la richesse des profils et des approches au sein du projet RISC pour contribuer à l’esquisse d’un cadre scientifique commun autour de l’étude des catastrophes. Cela passe par une révision de quelques généalogies conceptuelles et théoriques, des révisions des terrains structurants pour ces études dans quelques disciplines et la manière dont elles se sont saisies de la question, ou de quelques-uns des concepts sans lesquels cette dernière ne se pense pas.

Les catastrophes sont de longue date un objet de recherche pour les sciences humaines et sociales, débouchant sur une somme importante de travaux. Une partie de ces travaux s’est structurée à l’international au sein d’un champ de recherche les Disaster Studies qui n’a cessé de se renouveler durant des décennies. En France, même si l’étude des risques et des crises a fait l’objet de plusieurs programmes nationaux, les travaux sur les catastrophes sont distribués au sein de différentes disciplines (anthropologie, sociologie, science politique, géographie, histoire…), pour éviter de singulariser l’objet, au risque d’être invisibles.
Alors qu’on croyait les études de catastrophes en voie de stabilisation, voire d’essoufflement théorique, un regain d’attention scientifique s’observe autour de l’objet « catastrophe », porté par l’intensification de la crise écologique, les alertes climatiques, les bouleversements géopolitiques, les tensions migratoires, entre autres. Tout se passe comme si, toutes les crises et situations analysées comme telles s’accompagnent de leur considération propre de ce qu’est la catastrophe. Cette actualité invite à reconsidérer les catégories mêmes à partir desquelles les sciences sociales ont pensé la catastrophe, de l’événement, rupture ou effondrement, futur proche et inévitable, condition structurelle ou mode d’existence du présent. Dès lors, la catastrophe apparaît simultanément comme passée, future, inévitable, et en permanence rejouée dans les. dispositifs d’alerte, les mémoires traumatiques, les récits de fin du monde ou les politiques de résilience. Pourtant, force est de constater que dans une grande partie de cette littérature, la catastrophe demeure un objet aux contours mouvants au risque de perdre sa portée analytique.
Cette dispersion produit un double mouvement entre d’une part, un élargissement productif des approches et d’autre part, un éclatement des cadres théoriques, qui appelle un travail critique de clarification et de requalification. Comme le suggèrent certains travaux récents, il ne s’agit plus seulement de repérer les catastrophes et d’en dresser les bilans car elles saturent le réel, mais de comprendre ce qui, dans les évolutions contemporaines, les rend pensables comme telles à partir de cadrages disciplinaires et interprétations. particulières ou même de sensibilités collectives à des phénomènes nouveaux ou anciens. Ce que font les catastrophes est une question d’autant plus prégnante qu’en s’imposant. à l’agenda, impose aussi aux chercheurs et chercheuses d’y revenir assez régulièrement pour, à défaut d’en faire un état des lieux, analyser ce que les changements en cours. font à une communauté scientifique en train de se constituer.